TANGO

Sur la (Dés-)Integration des Temps

Dans quels temps vivons nous? Avec quels passés vivons nous? Que sont les temps marquants qui se projettent et reviennent? « Tango », en Lingala et d’autres langues africaines, signifie « temps ». Nous avons fait un voyage pour éclater l'histoire, percer les frontières et (re-)définir nos temps en prenant comme point de départ les temps marquants du Royaume Kongo.

Pour nous, dans ce projet de recherches artistiques, « tango » sont les temps marquants. Ensemble, nous voulons éclater l'histoire, percer les frontières et (re-)définir nos temps en prenant comme point de départ le Royaume Kongo, une sphère d’influence active entre le XIV et XVIIème siècle qui dépassait les frontières actuelles entre l'Angola, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa et le Gabon. Douze artistes de ces quatre pays ont été invité pour des recherches communes et la création d’oeuvres artistiques.

Ce projet reconnaît la simultanéité du passé, du présent et du futur, en plongeant dans des temps où désintégration et intégration se sont produites.

Lorsque les Portugais sont arrivés dans le bassin du Congo dans les années 1480, ils ont rencontré une terre peuplée, maintenue ensemble par le Royaume Kongo et une cosmologie partagée qui rassemblait les relations temporelles et environnementales d'une manière complexe et interdépendante (voir par example le cosmogramme Kongo). Le royaume Kongo était composé de parties de ce qui est aujourd’hui l’Angola, la R. D. Congo, le Gabon et la République du Congo. Ce projet a permis à un groupe d'artistes de chaque pays de rechercher les traces de ce passé et de briser les frontières contemporaines entre les pays, recréant une mémoire collective bouleversée par l’esclavagisme et les intérêts coloniaux.

Pour ce faire, les douze artistes des quatre pays se sont engagé dans un processus de recherches artistiques, rassemblées en mars 2021 dans l’exposition virtuelle ci-présente.

Maria-Gracia Latedjou & Mwana Pwo

Dikenga

Performance, essai photographique, poème visuel

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« Dikenga » est une interprétation graphique et poétique du Dikenga dia Kongo, également connu sous le nom de Cosmogramme du Congo. Le Cosmogramme du Congo, ancien symbole de la dimension spirituelle des Bakongo, est connu pour avoir été utilisé comme lieu de prestation de serment entre les Vivants, Dieu et les Ancêtres. Son noyau en forme de croix transpose, à la verticale, la relation entre le monde des Vivants, situé en haut, et celui des Morts, située en bas. Ce dernier, qui incarne une dimension spirituelle, est compris comme le lieu où reposent les Ancêtres et leur sagesse, une fois qu’ils ont quitté la sphère physique. La ligne horizontale, appelée « Kalunga », sépare les deux mondes. Interprétée symboliquement comme un courant d’eau, c’est la zone que les êtres traversent pour se rendre de l’autre côté de la vie. Les lignes du cosmogramme se situent entre des tracés, parfois représentés par des flèches, qui forment une structure circulaire. Cette forme évoque la continuité éternelle de la vie, indépendamment de la mort physique.

Lu dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, le Dikenga dia Kongo soutient la croyance que chaque individu ou chaque communauté suit un cycle de vie comparable aux différentes positions du soleil dans une journée. Ces différentes phases de la vie sont symbolisées par quatre points cardinaux. Le voyage commence au point sud, Musoni, qui représente le moment de la conception – et non de la naissance – d’un individu ou d’une communauté. Il se poursuit au point cardinal oriental, Kala, où l’individu ou la communauté naît dans une société où se fait l’apprentissage des règles sociales. Tukula, le point nord, est la période de la maturité adulte, de la connaissance et de l'expérience, qui s’épanouit à travers les échanges entre les différents membres d’une communauté. Luvemba, le point cardinal ouest, représente la phase de transmission des connaissances à la génération suivante. C’est aussi le point final avant que le cycle ne recommence, partant à nouveau de Musoni, désormais lieu de renaissance.

L’œuvre « Dikenga » se compose d’une performance, d’un essai photographique et d’un poème visuel. La performance a eu lieu à Miradouro da Lua (Luanda, Angola). Des parties de celle-ci sont représentées ici dans l'essai photographique, qui capture les moments d’une performance rythmique réinterprètant chaque phase correspondant aux différents points cardinaux du Dikenga dia Kongo. Toutes les phases du cycle sont incarnées pour représenter un chapitre de la vie tel qu’il est vécu par un individu ou une communauté. Le poème visuel représente une âme en voyage vers la découverte de soi, écrivant une lettre à un ami, dans laquelle elle raconte son expérience dans sa tentative de recréer un rituel qui symbolise les différents aspects de la vie.

Maria-Gracia Latedjou (MA Critical and Creative Analysis, Goldsmiths, University of London) est une musicienne indépendante et artiste visuelle originaire du Bénin et de l'Angola, qui travaille et vit actuellement à Luanda, Angola. En musique, Latedjou est une instrumentiste et vocaliste qui transite entre l'improvisation et la musique Soul expérimentale. Son travail vidéo consiste principalement en des courts métrages de fiction. Elle a sorti son premier EP « O Baile dos Sentidos » en 2017. « Língua Livre », sorti en 2019, est son dernier EP. L'album réfléchit à la complexité de la langue dans un espace anciennement colonisé.

Mwana Pwo est une photographe angolaise originaire de Benguela. Elle vit et travaille à Luanda, Angola. En tant qu'artiste autodidacte, c’est amour pour la photographie qui l’a rapidement emporté. En 2013, son premier prix lui a été accordé, puis elle est devenue deuxième pour le Concurso de Fotografia de Ralia. D'autres prix ont suivi, encourageant Mwana Pwo à poursuivre son intérêt et sa perspective. Depuis lors, elle a évolué avec aisance entre le photojournalisme, la photographie de portrait et les beaux-arts. Mwana Pwo expérimente actuellement avec le mixage de plusieurs techniques et mediums, élargissant sa pratique.

Performance: Adriana Nassapalo Gama Amaral

Orakle Ngoy

Femme je pense à toi

Pour « Tango », Orakle Ngoy a surtout questionner le rôle de la femme et la vision du genre dans le Royaume Kongo et l’a superposé aux réalités d’aujourd’hui pour en faire une oeuvre sonore, qu’elle entend comme un oracle, interpellant le respect pour les droits qui ne devraient pas être en situation de devoir être défendus ou mis en question.

Orakle Ngoy (*1981) est avocate licensiée, rappeuse, musicienne, compositeur, interprète, chef de projet, producteur, activiste et mère. Depuis de nombreuses années, elle s’exprime contre la haine, le sexisme, l’inégalité et la violence. Son art est le rap, un appel hardcore aux Kinois-e-s pour le respect des « Mamans », des Congolaises et de toutes les femmes. Sa musique est à son image, un mélange de gaieté, de ghetto et de réalités kinoises, mêlant les styles musicaux congolais, le folk et les performances artistiques. Elle est membre de plusieurs groupes de rap kinois, comme Les Enfoirés et Rage Familia. Depuis 2018, elle est vice-présidente du comité de Arterial Network à Kinshasa. Elle a participé à de nombreux projets à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du Congo (pour n’en citer que quelques-uns) : Yambi, ACUD Macht Neu, Berlin et Kinshasa, 2019 ; Spinning Triangles, S A V V Y Contemporary, Berlin et Kinshasa, 2019 ; Punch Agathe, Pumpenhaus, Münster et Stuttgart, 2019 ; Concerts à Tunis (Journées Musicales de Carthage, 2018) ; Brazzaville (Mbote Hip-Hop, 2018) ; Dakar (Afropolitan, 2018) etc. Depuis 2018, elle dirige le festival Yambi City, réalisé avec les membres de Afrika Diva Collectif, qu’elle a créé en 2014.

Nada Tshibwabwa

Dipingana

Nada Tshibwabwa, en tant qu’artiste résident partiellement au Plateau Bateke, a concentré son travail sur cette entité géographique et trans-frontalière qui relie plusieurs pays faisant jadis parti du Royaume Kongo (notamment la République du Congo, la République Démocratique du Congo et le Gabon). Ses recherches dans le projet Tango l’ont emmené vers les pratiques artistiques coutumières tant qu’elles sont actives aujourd’hui dans une localité spécifique — le village Balumu. Plusieurs conversations avec les dignitaires du village lui ont permis de traduire la signification du masque Uwu par une peinture narrative. Ce masque est lié au roi Bateke de Brazzaville, qui transmet le pouvoir aux chefs de groupements et est accompagné de cérémonies liant le futur chef à ses devoirs. Ces recherches sont lié à la pratique générale de Nada Tshibwabwa, qui réinvente costumes et masques en tant qu’oeuvre statique ou performative, pour questionner les déséquilibres contemporains et recréer des liens communicatifs entre les temps.

Nada Tshibwabwa (née en 1990) est un artiste et musicien, qui vit et travaille à Kinshasa. Une grande partie de sa pratique consiste à travailler avec des matériaux trouvés dans les rues de Kinshasa. Au cours de longues marches continues, il rassemble des objets pour fabriquer des masques, des robots ou des costumes pour des performances. Il a récemment commencé à transférer ses talents vers le dessin et la peinture. Son travail démontre et transmet implicitement la violence inhérente aux relations de pouvoir contemporaines, enchevêtrée dans sa propre biographie.

Après avoir dû quitter Lubumbashi à un jeune âge, il a trouvé une nouvelle famille avec le collectif Timbela Batimbela Yo à Kinshasa, qui a amplifié sa voix sur la scène musicale urbaine. En tant qu’artiste autodidacte, sa pratique a attiré l’attention de la scène artistique de Kinshasa. Les rencontre lors du festival de performance KINACT, il a bénéficié d’une résidence à Ndaku Ya La Vie Est Belle (2018 – en cours). Nada Tshibwabwa a initié un large éventail de projets communautaires, transmettant ses connaissances à la jeune génération. En 2020, Nada Tshibwabwa a partiellement déménagé à Sao, un village du Plateau Bateke, en dehors de Kinshasa, où il a créé un point de rencontre pour les gens, l’agriculture et les arts. Nada Tshibwabwa a participé à de nombreux festivals à Kinshasa et s’est produit dans plusieurs centres culturels (Le Musée national de la République démocratique du Congo, Institut Français, entre autres). Il a fait partie du projet à long terme « Spinning Triangles » à S A V V Y Contemporary (2019, Kinshasa & Berlin). Son travail a récemment fait partie de plusieurs expositions: « Megalopolis: Voix de Kinshasa » au Musée GRASSI (2018–19, Leipzig), « The Long Term you Cannot Afford. On the Distribution of the Toxic » (2019, S A V V Y Contemporary, Berlin), « New Views on Same-Olds » (2020, Akademie der bildenden Künste, Wien), «  Fulu-Act : Du Mouvement, Naît Le Regard  » (2021, BOZAR, Bruxelles), «  Futura Tropica / Bangalore, Bogota, Kinshasa » (2021, EYEBEAM, New York).

Bénédicte Odia Ditutu

Mon nom est Odia

Bénédicte Odia Ditutu a concentré sa recherche sur les noms. Plus qu’une appellation, les noms donnés aux individus démontraient leur appartenance à une communauté et les plaçaient dans une lignée d’ancêtres. Le baptême et l’abandon des noms dits « traditionnels » en faveur des noms chrétiens a une valeur symbolique très forte, exemplifiée entre autre par le baptême de la famille royale Kongo après l’arrivée des Portugais dans le Royaume Kongo. Ce symbolisme a été repris, au XXème siècle, par le président Mobutu, lors de ses politiques du « retour à l’authenticité », renversé cette fois-ci en imposant le retour des noms ancestrales.

Bénédicte Odia Ditutu (*1996) est écrivaine et journaliste, gradué de l’Université Protestante au Congo (UPC) en droit privé et judiciaire. Son parcours professionnel l'a emmené à travailler avec plusieurs entreprises congolaises, dont Airtel, l’agence de Marketing BTL, Bralima, ainsi que des structures comme Musicale Neo Cortex. Elle est membre d’Afrika Diva Collectif depuis quelques années et participent dans l’organisation d’évènements et projets.

Jean Pierre Moudjalou & Michel Pecoinh

Royaume Kongo: l’histoire de Mabandou

Dans le temps du Royaume Kongo, une conteuse s’endort et se réveille des siècles plus tard, dans les temps d’aujourd’hui, où les réalités se diffèrent énormément des siennes. La contribution de Michel Ignanga Ignanga et Jean Pierre Moudjalou pour le projet Tango est le conte de cette femme, appelée Mabandou.

Michel Pecoinh est musicien, conteur, comédien, metteur en scène, et formateur en art du conte. Influencé par son feu père Ignang’ yi Kombiljob, conteur et dépositaire du savoir et de la sagesse ancestrale, il suit un chemin semblable, en faisant revivre de contes traditionnels de son terroir et de divers continents, accompagné du Kul, une harpe monocorde de ses ancêtres qu’il a mis au goût du jour. Depuis 2004, il est présent à la radio, à la télévision et sur de nombreuses scènes. Michel Pecoinh est actuellement président de la fédération des conteurs du Gabon ainsi qu’enseignant à l’école normale supérieure de Libreville. Il est le premier conteur d’avoir adapté l’épopée traditionnelle « Mubwuang » des peuples du sud du Gabon pour la scène.

Détenteur d’un master en gestion des industries culturelles à l’Université Senghor d’Alexandrie (opérateur direct de la Francophonie), Jean Pierre Moudjalou a été manager d’artistes chanteurs, agent d’artistes, régisseur de spectacle et pigiste pour le site web, « Lbvgroove.com ». Actuellement, il est consultant culturel et entrepreneur culturel. Pendant trois ans, il a présidé le bureau national d’Arterial Network au Gabon et est membre de plusieurs organisations culturelles (dont IBOGAZIK, en qualité de président et coordinateur). Par ailleurs, il est directeur des programmes à Génération Nouvelle, média basé dans la capitale gabonaise.

Bernie Bobina Mpia

Malele

Pendant les recherches pour le projet « Tango », Bernie Bobina Mpia s’est concentré sur la chanson Malele, utilisé à l’époque du Royaume Kongo pour repousser les colons et résister aux effets de la colonisation. L’existence de cette chanson est transmise par voie orale, mais des traces enregistrées n’ont pas encore pu être trouvées. Bernie Bobina Mpia s’est donc engagé dans un chemin de la réinvention et re-interprétation, en se basant sur les rhythmes Balari, et y ajoutant une performance vocale.

Originaire de la R. D. Congo et née en Allemagne, Bernie Bobina Mpia (alias BMB Voix d’Ange) est une musicienne atypique, issue de l’Institut National des Arts de Kinshasa (INA), et animatrice de télé et radio à la RTGA (Radio Television Groupe Avenir). Elle chante dans toutes les langues nationales de la R. D. Congo. Son genre musical est un mélange de gospel, de R’N’B et de la musique folk congolaise, créant une énergie singulière avec des rythmes originaires de son pays. La profondeur de ses textes tient de la vie quotidienne congolaise, des cultures et réalités de sa tribu, et des observations de faits sociaux qui l’entourent. Depuis 2000, elle évolue aux côtés de la rappeuse Orakle Ngoy et l’accompagne à plusieurs festivals ainsi que de nombreux projets. Elle est secrétaire d’Afrika Diva Collectif, où elle mène des débats contre l’oppression de la femme.

Sarah Ndele

Les livres de nos ancêtres

Avec « Les livres de nos ancêtres », Sarah Ndele crée un narratif qui parle des messages multiples transmis dans les masques, en y mélangeant ses oeuvres contemporaines de masques en plastique fondu. Ainsi elle ne questionne non seulement la priorité de l’écriture alphabétique ainsi que le livre comme réservoir de savoirs établi, mais superpose aussi plusieurs temps et interprétations de « l’Histoire ».

Sarah Ndele, née à Kinshasa, est artiste plasticienne diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Son champ de travail est large, elle s’exprime à travers les sculptures, la peinture, les performances, et s’est récemment lancée dans l’écriture. À travers l’héritage de la révolutionnaire anti-coloniale et prophétesse syncrétique, Kimpa Vita (1684–1706), Sarah Ndele explore l’idée de la mémoire, des racines et de l’éducation. Ainsi elle entame une recherche rigoureuse dans l’art Kongo. Ses origines Yombe l’ont menés à travailler sur les masques dits traditionnels – pour métaphoriquement « entretenir les racines ». Elle surnomme sa technique « matsuela » (signifiant « larmes »), pour exprimer la dualité créative de celles-ci et en y voyant une possibilité de la reconstruction d’une nouvelle Afrique, complètement indépendante. Son art a été montré dans plusieurs contextes; en R. D. Congo et ailleurs (Centre Wallonie Bruxelles, Ambassade de la Grande-Bretagne, VITO, Artkeo, Musée Bandjoun Station, Instiut Français, Kinact – Rencontres Internationales des Performeurs, CNPP Kinshasa, Ndaku Ya La Vie Est Belle, Yango Biennal 2). Femme très active dans la scène culturelle à Kinshasa, Sarah Ndele a récemment coordonner le festival Kasala: Dans l’Âme de la Femme. Elle est actuellement résidente dans la coopérative d’artistes Ndaku Ya La Vie Est Belle.

Massen Mbongolo & Hendry Massamba

Voyage dans le temps au Royaume Kongo

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Pour « Tango », les artistes Hendry Massamba et Massen Mbongolo se sont associé au sein de la plateforme La Structure (supervisé par Marcus Bissila), pour créer un voyage visuel et sonore au Royaume Kongo. Hendry Massamba est allé à la recherches des rythmes au Congo-Brazzaville en se déplaçant hors de la ville de Pointe-Noire. Ainsi il s’est inspiré de la musique des Balari, un peuple regroupant plusieurs populations qui jadis faisaient parti du Royaume Kongo et dont les descendants se trouvent aujourd’hui dans plusieurs pays (Angola, les deux Congo, Gabon). Massen Mbongolo, en faisaint des recherches sur la vie quotidienne, tant qu’on peut l’imaginer pendant les siècles dans lesquels le Royaume Kongo a perduré, a crée plusieurs images qui font interagir la peinture physique et digitale. Ainsi s’est réalisée une collection de dessins qui parlent sans mots et laisse le spectateur imaginer les histoires qui les entourent.

Hendry Massamba est un batteur congolais, vivant et travaillant à Pointe-Noire (République du Congo). Ses débuts en tant que percussionniste remontent à son enfance, depuis il est actif dans divers milieux musicaux. En 2013, il est repéré par Wilfrid Massamba, organisateur du festival Basango Jazz. Il accompagnera par la suite la chanteuse brésilienne Verônica Bonfim lors du dit festival. En 2016, il participe au Masa à Abidjan (Côte d'Ivoire) au sein du groupe de Gaël Manangou, Gaël & les Caïmans. Peu de temps après, Hendry Massamba et ses amis Beaurel, Mohamed et Bédé créent Doudoumba, leur propre groupe de percussionnistes. En 2018, Hendry Massamba fait une rencontre importante. Lors du festival Les Tambours de Pointe-Noire, il fait la connaissance du célèbre percussionniste Freddy Massamba (Les Tambours de Brazza), ce qui donne lieu à plusieurs collaborations. Hendry Massamba a récemment entamé une carrière solo, explorant le concept « wa » – mélangeant l'afro, le jazz, la pop et la soul ainsi que des styles modernes-traditionnels – qui aboutira à un album, actuellement en cours de réalisation.

Massen Mbongolo (alias Masse Bongos) est un illustrateur, peintre et auteur de romans graphiques originaire de la République du Congo. Ayant poursuivi ses études dans le domaine de l'économie, mais n'ayant jamais lâché ses talents créatifs, Massen Mbongolo est devenu un artiste autodidacte, qui a, peu à peu, convaincu son entourage avec ses œuvres. En 2014, il se tourne pleinement vers les arts, participant à diverses expositions et festivals et étant actif dans plusieurs collectifs (dont La Structure). Il a cofondé Kukia, un collectif opérant dans divers domaines de la scène culturelle de Pointe-Noire.

Créée en 2017, La Structure est un lieu de rencontres entre artistes ainsi qu'un espace d'apprentissage pour la jeune génération. Elle se concentre sur les cultures urbaines, et a participé à de nombreux festivals internationaux, comme par exemple le Festival Afropolitain Nomade à Dakar. Nous remercions Marcus Bissila, directeur de La Structure.

Junior Mvunzi-Muteba

Frontières Transparentes

Les frontières, leurs changements, leurs effets sur la circulation des humains et des biens, leur perméabilité et non-perméabilité, leurs pouvoirs visibles et invisibles sont à la base du projet de Junior Mvunzi-Muteba. En s’inspirant du Royaume Kongo, qui nous laisse imaginer une réalité en dehors des frontières imposées lors de la conférence de Berlin en 1884–1885, il a crée une oeuvre sculpturale qui s’engage pour une réalité sans frontières.

Junior Mvunzi-Muteba (*1990) est un artiste et designer congolais originaire de Kinshasa. Sa pratique est multiple ; allant de la sculpture à la performance, il applique également ses connaissances en électronique et en métaux à des objets de design utilitaires. Pour Junior Mvunzi, la fragilité est une force. Son travail reflète souvent la mutualité des matériaux forts et ceux considérés fragiles ; ceux qui sont facilement dégradables et/ou détruisables et ceux qui sont durables ; ceux en état stable et ceux en état instable. L'électricité comme symbole puissant du flux d'énergies l'a conduit à refléter l'énergie elle-même comme immortelle, malgré le changement constant des compositions matérielles. Junior Mvunzi a participé à de nombreuses expositions et festivals : YANGO Biennale (2020/2021), KINACT Festival International des Performeurs (Kinshasa, 2019), Do It Yourself (Kinshasa, 2019), Histoire de Ville (2019), Yango Forever (Kinshasa, 2018), Mbote Ya Likasu / Valise Vidéo Projecteur (Kinshasa, 2017), Intercouture (Kinshasa, 2016).

Prof. Henri Kalama

Né en 1973 en RD Congo, le Professeur Kalama Akulez Henri est un artiste peintre, Docteur en arts plastiques et phénoménologie de l’art. Actuel Directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa depuis 2016, son parcours formatif et professionnel d’artiste l’a amené dans tous les quatre coins du monde.

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, après une expérience d’assistanat comme enseignant à la même institution supérieure, il s’est rendu plusieurs fois en Chine depuis 2001 pour compléter ses études universitaires. Tout en continuant ses enseignements à Kinshasa, il a poursuivi ses études à la China Academy of Art à Hangzhou où il a obtenu les diplômes de Master en 2017 et de doctorat en arts plastiques et phénoménologie de l’art en 2014. A son retour au pays, il fut nommé Professeur et Chef de Département de Peinture à l’Académie des Beaux-Arts en 2015 avant de prendre la direction générale de cette institution en 2016.

Chaque année, le Professeur Kalama est invité à diverses activités artistiques et scientifiques de par le monde. Tout en se reconnaissant ses origines géographiques et culturelles congolaises, sa démarche artistique s’est démarquée du conformisme, des chemins battus autour de l’identité culturelle et de l’authenticité congolo-africaine. Esprit subtil, de manière perspicace, dans son œuvre, le Professeur Kalama lie l’art à la science.

Pour le projet « Tango », Prof. Henri Kalama s’est engagé à partager son savoir sur l’art Kongo lors de la conférence du dit projet.

Prof. Émérite Théodore Mudiji

Prof. Émérite Théodore Mudiji est un scientifique congolais de le République Démocratique du Congo, Docteur en Philosophie de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Toujours en activité, il est actuellement Professeur Émérite de l’Université Catholique du Congo à Kinshasa. Il est penseur, responsable social et acteur culturel, diplômé de l’Université en Théologie, en Communication et en Sciences de l’Art. L’Art représente l’une de ses spécialités notoires d’enseignement et de recherches, à l’université et dans d’autres établissements à l’instar de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Il a assumé la direction d’institutions de recherche et d’animation culturelle comme le Centre d’Études de Religions Africaines (CERA), le Centre Africain d’Études et de Création Artistique (Cec’Art) avec le Musée Mudiji, lui dédié, le Bureau d’Études des Ateliers BEA Botembe, le festival national FESNAC, dont il assume la présidence permanent du jury scientifique du festival. Il compte à son actif plus d’une soixantaine de publications, ouvrages, articles, allocutions etc., relatifs au domaine artistique. Membre de la Société des Archéologues et Historiens de l’Art de l’UCL LLN, il est collaborateur scientifique du musée de la même université depuis 1976. Il est collaborateur scientifique du Musée Royal de l’Afrique Centrale, Tervuren, où, pendant ses études post-doctorales en philosophie, en archéologie et en histoire de l’art à l’Université Catholique de Louvain, il s’est formé de 1976 à 1981 en arts plastiques et en linguistique.

Lisanga Bankoko, Mavita Kilola

Lisanga Bankoko est une association culturelle, fondée par Koko Lema Diandandila. Cette association oeuvre avec l’objectif de promouvoir les traditions et valeurs ancéstrales afrikaines, entre autre par les créations artistiques. L’un des principaux matériaux utilisés pour leur travail est la perle « Mayaka », qui permet une communication directe avec les ancêtres. Grâce à l’engagement avec plusieurs matériaux naturels, l'association créent des vêtements et des bijoux, souvent associés au mouvement des « éco-SAPPEURS ». La transmission de leurs connaissances aux jeunes générations est essentielle au fonctionnement de l'association et ils le font à travers des ateliers au niveau national et international. Récemment ils ont exposé et fait parti des projets suivants: Le Festival International de la Sape (participation annuelle depuis 2010), Festival de la Musique à V.V Center à Kinshasa en 2014, Festival Liboke Ya Bokoko à l'Échangeur de Limeté à Kinshasa en 2015, Festival de Belluard (à Fribourg en Suisse en 2016, Festival MEYABE à Kinshasa en 2017, Festival OMI Art à New York aux États-Unis an 2018, projet « Triangles Tournoyants » de SAVVY Contemporary à Kinshasa et Berlin en Allemagne en 2019, Festival KINACT – Rencontres Internationales des Performeurs (participation annuelle depuis 2015), Festival Kin Etelemi Telemi du Collectif Farata à Kinshasa en 2021.

Pour la conférence du projet « Tango » Mavita Kilola nous propose d’ouvrir le débat sur une mise à jour de l’horloge pour mieux définir le temps.

Prof. Henry Bondjoko

Prof. Henry Bondjoko est muséologue et historien de l’art. Il est l’actuel Directeur du Musée National de la République Démocratique du Congo et Professeur à l’université de Kinshasa et l’Académie des Beaux-Arts.

Mme. Eugénie Dinkembi Dinueni

Mme. Eugénie Dinkembi Dinueni est chercheuse en Anthropologie, couramment candidate en doctorat à l’Université de Kinshasa à la faculté de Sciences Sociales Administratives et Politiques. Elle est également assistante à l’Univeristé Simon Kimbangu. Mme. Dinkembi est la veuve de l’inventeur de l’écriture Mandombe, David Wabeladio Payi et Directrice Générale Adjointe en charge de l’administration et des finances du CENA (Centre de l’Écriture Négro-Africaine).

Pour le projet « Tango », Mme. Eugénie Dinkembi Dinueni nous présente le système d’écriture du Mandombe, qui est basé sur une révélation divine transmise par le prophète congolais Simon Kimbangu. L’écriture est aujourd’hui enseignée, écrite et lue en R. D. Congo.

Mr. Lucien Kélanie Mbuku

Mr. Lucien Kélanie Mbuku, née à Kinshasa, est chercheur en Ethno-Musicologie. Après des études primaires, secondaires et universitaire, Mr. Kélanie a gradué en art, option musique. Décidant d’approfondir ses recherches en licences, il y parvient en Civilisation Africaine. De suite il einseignera à l’Institut Nation des Arts à Kinshasa. Il fut chef de section musique et préfet d’études.

Pour la conférence du projet « Tango » il raisonne sur la musique kongolaise: « Musique des Peuples Noires d’Afrique (Kongo): Esquisse d’une acculturation ».